La cuve baptismale

Ce “mobilier urbain” du VIIsiècle est classé monument historique.

La cuve se trouvait sur l’esplanade de l’Eglise, à l’emplacement de l’ancien cimetière. L’Eglise Notre-Dame a pour l’origine l’ancienne chapelle du château construit par Boson le Vieux vers 958, qui relevait de Saint Sauveur, paroisse antérieure à l’époque féodale. La nouvelle paroisse créée autour du château devait évoluer jusqu’à devenir un centre urbain.

Le plan tréflé de la cuve, légèrement dissymétrique, comprend un grand côté rectiligne, à l’opposé duquel est dessiné un arc de cercle largement ouvert, et sur les deux côtés deux arcs latéraux plus petits, qu’un ressaut triangulaire sépare du grand arc. Une petite moulure courte au sommet de la face rectiligne. Les empreintes d’une taille en oblique se remarquent à l’intérieur de la cuve.

Le plan de la cuve de Bellac évoque celui des baptistères paléochrétiens triconques, eux-mêmes inspirés du caldarium de certains grands bains romains, les thermes impériaux du Dioclétien à Rome ou de Constantin à Trèves par exemple, où la salle rectangulaire, qui représente une grande abside sur le coté opposé à l’entrée, est flanquée d’une autre plus réduite sur chacun des deux petits côtés.

 A l’origine le baptême chrétien consistait à plonger le catéchumène dans l’eau avec le baptiste d’où cette dimension assez exceptionnelle pouvant accueillir jusqu’à trois personnes ! D’où sa proximité de l’Eglise où les baptêmes sous cette forme ont perduré jusqu’en 789 date où Charlemagne ordonna de baptiser désormais les enfants au cours de leur première année. Les traditions durent et ce n’est que XIIsiècle que la cuve baptismale entre dans l’Eglise sous sa forme actuelle.

Après avoir perdu leur fonction d’origine, les cuves baptismales ont pu parvenir jusqu’à nous grâce à leur masse imposante, sans doute aussi en raison de leur caractère sacré, mais en en fin de compte, de leurs emplois utilitaires et profanes.

A Bellac, les anciens se souviennent de sa proximité d’une fontaine sur la place de l’Eglise. Elle servit ensuite aux enfants de cachette jusqu’à son déplacement vers le parc de la Mairie où elle fut oubliée !

Neuf cuves lobées en pierre existent en Haute Vienne.

A Bellac on la surnomme “la Pille” ou Pila en Occitan (vasque).